13/12/2022 - 3 min de lecture
Bio-sourcés, géo-sourcés ou encore issus de circuits courts : les matériaux écologiques ont le vent en poupe. Quels sont leurs atouts ? Quelle est la réalité de leur utilisation ? Tour d’horizon des solutions existantes.Les matériaux écologiques dans la construction ?
Bio-sourcés, géo-sourcés ou encore issus de circuits courts : les matériaux écologiques ont le vent en poupe. Quels sont leurs atouts ? Quelle est la réalité de leur utilisation ? Tour d’horizon des solutions existantes.
Aujourd’hui, pas un projet de construction ou de
rénovation ne saurait faire l’impasse sur l’emploi de matériaux écologiques. Leur contribution à la réduction du
poids carbone des bâtiments est appréciée, tandis que leur compatibilité avec des exigences de confort et de santé est recherchée.
Popularisés dès la fin des années 1970 avec l’emploi de la laine de bois ou de chanvre pour
l’isolation , les composants écologiques sont aujourd’hui présents dans une grande variété d’éléments (isolants, ossatures, cloisons, planchers, toits, etc.) utilisés lors des différentes phases de chantier. La diversité des solutions disponibles témoigne de l’arrivée progressive à maturité de certaines filières de production et d’approvisionnement.
Les matériaux écologiques au cœur d’une démarche de développement durable
Le terme « matériau écologique » regroupe en fait une vaste famille de composants dédiés à la construction ou l’isolation. Composants, fabrication, distribution, mise en œuvre, recyclage : un matériau écologique s’inscrit pleinement dans une démarche de développement durable.
Au-delà de leur composition a priori compatible avec des critères écologiques dûment normés et contrôlés, d’autres caractéristiques entrent en ligne de compte : modes de production et d’acheminement éco-responsables, fort degré de recyclabilité ou encore contribution élevée à un meilleur confort et une préservation de la santé des occupants des bâtiments, etc.
Toutefois, attention aux faux amis : un matériau naturel n’est pas forcément écologique. Ainsi,
le bois , s’il n’est pas issu de forêts éco-gérées, ou encore s’il n’est pas réutilisé d’une manière ou d’une autre lors d’une phase de déconstruction, est loin d’être considéré comme écologique...
Matériaux bio-sourcés, géo-sourcés, de réemploi : quelles différences ?
Les matériaux biosourcés sont des matériaux issus de la biomasse :
- le bois ;
- le liège ;
- le chanvre ;
- le lin ;
- le roseau ;
- le maïs ;
- le colza ;
- le riz ;
- le miscanthus ;
- la laine de mouton ;
- …
Les matériaux géo-sourcés sont quant à eux d’origine minérale :
- la ouate de cellulose ;
- les textiles recyclés ;
- le bois repris sur des palettes, des portes, des fenêtres ou des planchers ;
- le carton.
Des matériaux compatibles avec les exigences de qualité et de performance
Longtemps boudés en raison de préjugés défavorables, les matériaux écologiques affichent des performances désormais reconnues. Isolation thermique et phonique, résistance au feu, aux champignons ou aux nuisibles : ils peuvent sans problème rivaliser avec d’autres solutions.
Comme tout autre matériau employé dans la construction, les matériaux écologiques doivent en effet répondre aux exigences du code de la construction et de l’habitat, notamment définies par l’Agence qualité de la construction (AQC). C’est la garantie qu’ils s’inscrivent pleinement dans un cycle de production et de mise en œuvre de qualité, dans lequel sont impliqués fournisseurs comme constructeurs. Certains labels (
BBCA ,
E+C- ) s’attachent d’ailleurs à récompenser des projets qui font souvent la part belle aux matériaux écologiques.
Bien sûr, ces éléments doivent également contribuer à la performance énergétiques des bâtiments. Là aussi, le recours à l’éco-construction apporte de nombreuses garanties dans la recherche d’économies d’énergie.
Un contexte réglementaire favorable au développement des matériaux écologiques
Dès 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a précisé que « l’utilisation des matériaux biosourcés concourt significativement au stockage de carbone atmosphérique et à la préservation des ressources naturelles » et « qu’elle est encouragée par les pouvoirs publics lors de la construction ou de la rénovation des bâtiments ». Un adoubement confirmé en 2018 par la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN), qui souligne leur contribution au stockage du carbone.
La toute récente
réglementation environnementale 2020 (RE 2020) met notamment l’accent sur la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre (GES) tout au long du cycle de vie du bâtiment : extraction des ressources, fabrication, construction, mais aussi usage, maintenance et déconstruction. Là aussi, la faible empreinte carbone des matériaux bio-sourcés et géo-sourcés est l’alliée de la performance environnementale des bâtiments tant privés que publics.
L’avis de l’expert : David Tilliette, Responsable technique
« Si les qualités des matériaux écologiques sont nombreuses, ils ne représentent encore qu’une faible part des produits utilisés en construction. Les réalités économiques des filières diffèrent : certaines filières se développent en circuits courts tandis que d’autres doivent avancer sur la voie de l’industrialisation. L’adoption des éco-matériaux passent aussi par une acculturation des professionnels , une appropriation des savoir-faire et des séquences de formation. Crédit Agricole Immobilier se mobilise pour cela, avec par exemple son soutien apporté à la filière chanvre : 10 hectares de terre en attente de construction et d’aménagement de l’éco-quartier Woodi à Melun (Seine-et-Marne) ont été dédiés à la culture de cette plante reconnue pour ses qualités en matière d’isolation thermique. »